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Le communisme a-t-il émancipé les femmes ? Est-ce qu’un « communisme féministe » est une contradiction dans les termes ? C’est autour de ces questions que la revue Aspasia d’histoire des femmes et du genre en Europe centrale, de l’Est et du Sud-Est a organisé un débat dans son premier numéro datant de 2007
Dans sa contribution introductive, Mihaely Miroiu, politologue roumaine, considère qu’associer communisme et féminisme est impossible, car le communisme n’était rien d’autre qu’un « patriarcat d’État », alors que le féminisme se caractérise par sa revendication d’autonomie féminine. D’ailleurs, selon Miroiu, même une Alexandra Kollontaï était au fond antiféministe. Avec des argumentations diverses, les sept autres contributrices contredisent et nuancent ces affirmations radicales. L’historienne russe Natalia Novikova met l’accent sur la phase utopique du bolchevisme jusqu’au milieu des années 1920. L’Américaine Jane Slaughter prend l’exemple du parti communiste italien après 1945 pour montrer que si le rapport entre féminisme et communisme est ambigu, il a bien existé. Krassimira Daskalova et Marilyn Boxer fondent chacune leur argumentation sur la question de la définition des termes. L’historienne bulgare estime qu’il convient mieux de parler de « communisme d’État », car le « communisme » était la promesse d’un État idéal qui n’a jamais été réalisé. Elle refuse en outre une simple dichotomie entre pays de l’Est, où régnait le socialisme d’État, et pays de l’Ouest, dits de libre démocratie, et demande si dans ces derniers les femmes ont vraiment eu d’emblée plus de droits et été des sujets autonomes. Elle rappelle à ce propos que ce n’est qu’en 1944 que les Françaises ont obtenu le droit de vote et les Suissesses en 1971. Pour l’historienne américaine, c’est la définition du féminisme proposée par Miroiu qui pose problème. Boxer, une spécialiste de l’histoire du socialisme européen et du féminisme et qui se définit comme une activiste du féminisme de la « deuxième vague », rejette l’idée que le féminisme ait été historiquement construit à partir du concept d’autonomie personnelle. Ceci d’autant moins que, dans les pays où l’existence de « l’individu autonome » peut être supposée, comme aux États-Unis ou en Europe de l’Ouest, cet individu était généralement pensé comme masculin. Que ressort-il de ces contributions ? En dépit d’approches et de bases empiriques différentes, toutes les contradictrices de Miroiu s’accordent pour dire que LE communisme existe aussi peu que LE féminisme. Il ne s’agit pas seulement de définir ces termes avec soin, mais aussi de les situer dans l’espace et le temps et de les contextualiser, pour information j'ai juste pomper ce sujet sur un site web de merde, ne m'en voulez pas, merci. Dans ce court essai, j’aimerais aborder quelques aspects des liens historiques (ambigus) entre communisme et féminisme en considérant que ces deux objets doivent eux-mêmes être historicisés. Je me concentre sur la période que je connais le mieux, l’entre-deux-guerres, et sur le communisme européen dont les partis nationaux sont alors organiquement liés à l’Internationale communiste (le Komintern) et politiquement à l’Union soviétique. En suivant trois pistes, mon questionnement portera sur la place que les organisations communistes ont faite aux femmes, matériellement et symboliquement, sur les approches développées par deux des principaux théoriciens bolcheviques (dont Kollontaï justement) et sur quelques stratégies d’accommodement ou d’ajustement à partir des biographies de trois femmes cadres de l’Internationale communiste dans les années trente. |
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